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La confiance de Suzette la gagnait.

Les deux domestiques se rassuraient, mais elles ne pouvaient s’empêcher de reprocher à la fillette qu’elle aurait dû les prévenir de sa sortie :

— Vous auriez dû m’avertir… tout à l’heure… Ce n’est pas bien… je pourrais avoir les sangs tournés…

— T’avertir ?… Allons, Justine, réfléchis un peu… Je t’aurais dit : Justine, je vais reconduire Jeannot… qu’aurais-tu répondu ?

— Que je ne voulais pas, bien sûr !

— Tu vois !… alors, je serais restée ici, je ne serais pas allée à la poissonnerie, je n’aurais pas vu la petite fille qui a joué avec Bob… Je n’aurais pas fait la connaissance de Mme Glace et je n’irais pas chez le livreur rechercher ton cher petit Bob… Peux-tu répondre à tout cela ?

— Quel avocat !… murmura Mme Glace.

— Quelle langue !… s’écria Justine.

— C’est qu’elle a presque raison, approuva Sidonie.

— Vous voyez !… J’ai donc été inspirée comme Jeanne d’Arc…

— Oh ! la la !… clama Sidonie ; vous avez peut-être entendu des voix, pendant que vous y êtes !

— Je n’en sais rien… Je m’en vais… Ah ! à propos, quand maman reviendra, vous lui direz que j’ai rencontré son amie, Mme Arette… Elle a voulu venir avec moi, mais je l’ai per-