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marthe fiel

La mère, désolée, craignait la fatigue pour son enfant.

Nil n’avait pas les mêmes raisons pour déplorer ces circonstances. Il aimait l’étude et se sentait bien por­tant. Il se réjouissait même à la pensée d’avoir un compagnon. Il savait que c’était un jeune homme consciencieux et déjà érudit.

Puis, le but qu’il s’était fixé le transportait d’en­thousiasme. Se séparer de tous ces rieurs ironiques lui aurait fait prendre des résolutions encore plus difficiles, afin de leur échapper.

Ses parents, cette année, avaient loué une villa un peu plus éloignée de Lyon. Mme Bompel ne désirait ni ville d’eaux, ni mer, ni montagne. Ainsi, elle se sentait plus tranquille, et ses fils profitaient d’un bon air.

Si elle avait choisi ce pays, c’est qu’elle y était attirée par une amie d’enfance, nantie de dix enfants. Elle trouvait que douze enfants constituaient une petite colonie qui pouvait se suffire. Les occasions de chutes, de plaies, de bosses, de maladies, conservaient un champ suffisant pour qu’on n’allât pas les provo­quer par des promenades en mer ou des ascensions hasardeuses.

Ce fut par un beau soir de juillet que la famille arriva à Saint-Donat sur l’Herbasse. La rivière qui ajoutait son nom au pays était un murmurant cours d’eau limpide qui roulait sur des cailloux polis par des siècles.

Le paysage manquait de mouvement et le bourg, que l’on nommait ville, ne se distinguait par rien de saillant, si ce n’était par son église, qui datait du IXe siècle. Mais ce fut plus tard que Nil comprit le charme des coteaux riants, et apprit que Saint-Donat était une très vieille ville.