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l’élève bompel

Le directeur rit un peu, mais pas trop, pour ne pas blesser son élève qu’il louangeait par devers soi. La logique de Nil était indiscutable. Il était certain qu’il ne serait jamais pris au sérieux par ses condisciples habituels qui le considéraient presque à l’égal d’un pitre égaré dans leur classe pour les distraire.

Legrise, mauvais élève, menait le train. Il n’avait qu’une pensée : se venger de Nil qui refusait de le fréquenter, malgré ses invites réitérées. Nil devinait cette guerre sournoise et son grand désir était de s’y soustraire. Legrise était d’autant plus vexé que Paul de Parul semblait beaucoup rechercher Nil. Cette amitié naissante exaspérait le rancunier camarade, et rien ne lui causait plus de plaisir que d’entendre intimer à Nil l’ordre de quitter la classe. Il espérait ainsi qu’une déconsidération finirait par l’isoler de tous ceux qui sympathisaient avec lui.

Le directeur, après quelques instants de silence, termina l’entretien en disant :

— Votre plan est bon… Parlez-en à votre père, et dites-lui qu’il vienne me trouver. Tout ce que vous m’exposez mérite l’attention. Votre désir est légitime et je ne puis me refuser à vous aider. Vos raisons sont d’ailleurs marquées au bon sens, et nous n’aurons plus qu’à souhaiter que vous vous imposiez à vos futurs compagnons.

Nil était ravi. Pour une des rares fois, il perdit son masque de froideur et parut avec un visage de jeune garçon épanoui.

Il se retira, sans oublier de remercier chaleureusement. Il ne doutait pas de l’acceptation de son père. D’ailleurs, il comptait sur l’appui du directeur en cas de difficultés.