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l’élève bompel

boucles… Il appuyait ni peu, ni trop peu, et la planche devenait lisse sous ses mains adroites. Et cette planche, il la maniait avec une sorte d’affection, la basculait dans tous les sens, jusqu’à ce qu’elle fût unie comme un miroir.

Tout cela me paraissait prodigieux, et mes petites mains malhabiles esquissaient les gestes que j’avais vus, mais ils n’étaient que de fugitifs reflets sans résultats…

C’est ainsi que, plus tard, parla Nil, mais il était encore éloigné de ces réflexions, et pour le moment il utilisait ses vacances selon son goût.

En octobre, il revint à Lyon et reprit le chemin du collège. Il y allait seul, parce qu’il était alors tellement raisonnable et prudent, que l’on ne pouvait ressentir de crainte pour lui.

En classe, pourtant, il se montrait assez indifférent, parce qu’il s’imaginait que sa bonne volonté ne serait pas prise en considération.

C’est ainsi que le professeur ayant lu l’histoire de ce roi cherchant le bonheur, et l’ayant trouvé chez un homme pauvre, Nil entendit vaguement les paroles mais n’en appliqua pas le sens.

Quand le maître demanda à ses élèves de transcrire le récit et d’en démontrer la morale, Nil ne vit que le côté pratique, dans sa manière de réduire tout à la synthèse.

Pour Nil, cela se résumait en un fait : c’est que le pauvre homme n’avait pas de chemise, et dans son devoir de six lignes dialoguées, Nil écrivit :

« — Vous avez tout ce qu’il vous faut ?

«  Oui.