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l’élève bompel

Mme Bompel restait étonnée. À creuser l’idée de son fils, elle ne lui semblait pas déraisonnable, et elle s’avisait que tout le monde pourrait être satisfait de cette innovation, à laquelle personne encore n’avait songé. Si elle jugeait l’idée bonne, elle n’envisageait pas que son fils pût l’inaugurer, non. À la pensée que son « petit garçon » pourrait prendre des allures de patron-meunier, un rire fou lui venait aux lèvres. Elle le réprima pour dire :

— Ton projet me paraît tout à fait fameux, mais pour le mettre en pratique, il faudrait étudier la chose à fond… Ce sont des plans, des devis à établir. Ni ton père, ni moi ne pouvons nous y astreindre. Il faut donc que tu étudies afin de pouvoir résoudre tous ces problèmes. Aussi inventif que tu sois, ton cerveau ne peut concevoir une semblable solution… Il faut attendre et surtout travailler et ne pas te faire punir si souvent.

Rien n’irritait Nil davantage que les allusions à ces punitions qu’il qualifiait d’injustes… Ses parents mêmes ne comprenaient-ils donc pas qu’il était vaincu par un entourage qui obéissait à une routine devant laquelle il était impuissant ?

Pour que sa mère ne continuât pas sur ce sujet, il abonda tout de suite dans l’énumération des difficultés qu’elle lui soumettait. Avec un air méditatif, il dit simplement :

— J’attendrai…

Il ne parla plus de cette entreprise, mais il continua d’observer tous les travaux qui s’élaboraient sous ses yeux. Les paysans l’aimaient en le voyant si attentif à ce qu’ils faisaient. Il leur posait de nombreuses questions et, s’ils riaient parfois de la multiplicité de ces questionnaires, ils ne traitaient pas le jeune garçon comme un écolier ordinaire.