excitait le rire de ses camarades, et Nil prit goût à cette dissipation, d’autant plus que son propre rire était communicatif. Ainsi, quand il n’entendait pas d’éclats de gaîté autour de lui, il commençait à rire et son entourage l’imitait.
Le grand jeune homme lui-même, presque involontairement, se joignait à ses élèves, jusqu’au moment soudain où il reprenait conscience de ses fonctions et disait avec un air sévère, en frappant son pupitre de sa règle :
— Du silence, messieurs, vous n’êtes pas ici pour rire…
Le mot « messieurs » remplissait Nil d’aise, et il se prenait pour un personnage. Il se redressait et quand il marchait à côté de sa mère, il se figurait tenir la place de son père.
Un jour même, il eut une belle idée, mais il procéda par tâtonnements :
— Maman, est-ce qu’une dame comme toi peut avoir deux maris ?
Cette question interloqua quelque peu Mme Bompel qui se demandait où son fils voulait en venir.
Elle répondit simplement :
— Mais non, mon enfant.
— Pourquoi ?
— Le Bon Dieu a dit : vous n’aurez qu’un mari qui sera le papa de vos enfants…
— Tu crois que le Bon Dieu a pensé à tout ? Tu te figures qu’il savait que je pourrais me marier avec toi pour te promener, t’amuser, alors que ton autre mari n’a jamais de temps pour cela ? Tu sais que le pauvre homme rentre éreinté et qu’il ne demande que ses