Page:Fiel - L'élève Bompel, 1947.pdf/17

Cette page a été validée par deux contributeurs.
15
l’élève bompel

fenêtre, et plein de vertige, il questionnait :

« Qu’est-ce que c’est que la neige ? d’où vient-elle ? pourquoi fait-il froid ? pourquoi ne reste-t-elle pas sur la terre, et pourquoi, si blanche, devient-elle noire ? »

Quand il alla en classe, la neige ne l’étonnait plus et il se figurait être un grand. Il savait beaucoup de choses et croyait n’avoir plus rien à apprendre. Ainsi, un dimanche, en revenant de la messe, il dit au frotteur qui était de la même paroisse :

— Aujourd’hui, j’ai vu le Bon Dieu…

— Ah ! vous en avez de la chance ; moi, jamais je ne l’ai vu ! Comment était-il ?

— Très beau… ses habits brillaient… ses mollets étaient blancs, son chapeau comme celui d’un gendarme. Il avait une grande canne à la main, et il frappait les dalles pour faire taire les gens.

Le frotteur le laissa dans son illusion, et Nil raconta son histoire à qui voulait l’entendre.

Il arriva qu’un soir d’automne, Nil se trouva seul dans la rue, n’ayant pas vu son frère à la sortie des classes. Il ne fut pas embarrassé. Il s’en alla doucement, flâna, regarda les boutiques, et il vint un moment où il se trompa de rue.

Dans sa famille, on était mortellement inquiet. Son frère se défendait en alléguant qu’il avait cru comprendre que leur mère le chercherait.

Mme Bompel prit le chemin du collège, alla jusque dans la classe de Nil, questionna tous ceux qu’elle rencontra, et chacun s’accorda pour affirmer que l’élève Bompel était reparti.

Mme Bompel demanda l’adresse de quelques camarades au cas où l’enfant les aurait suivis. Mais là en-