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marthe fiel

Aussitôt que les arbres verdissaient et que le soleil se montrait, Nil, attentif, cherchait l’été et n’avait de satisfaction que quand il le voyait courir sur le sol.

L’hiver, pour lui, se fixait à Noël où il attendait le petit Jésus. L’arbre scintillant le jetait dans l’extase, mais la venue du Petit Jésus le plongeait dans une émotion dont il avait peine à se remettre.

Sa mère priait toujours une jeune amie de se tenir durant quelques minutes auprès du beau sapin dans un costume approprié pour figurer la Sainte Présence.

Sans un mot, Nil contemplait les boucles des cheveux tombant sur les épaules, l’auréole d’or autour de la tête, la longue robe blanche descendant sur les mules d’argent.

Jésus le regardait sans parler, puis lui tendait un paquet qu’il détachait de l’arbre. Puis, pendant que Nil avait les yeux sur son paquet, le visiteur céleste disparaissait.

Alors, il se jetait dans les bras de sa mère et murmurait :

« L’hiver est bien là… crois-tu que le bon Jésus aura assez chaud ? Il n’avait pas de capuchon et le Ciel est si haut… et la route si longue… »

Le lendemain, il attendait la neige et souvent, elle arrivait. Par une coïncidence exceptionnelle, depuis qu’il savait observer, jamais la neige n’était venue pour la fin de l’année, mais dès les premiers jours de janvier elle tombait, et Nil ne se lassait pas de regarder les flocons qui tourbillonnaient devant la vitre. Il voyait dans ces flocons toutes sortes d’images. Tour à tour, c’étaient des nains qui se battaient ou des oiseaux qui laissaient tomber leurs plumes. Il quittait enfin la