Page:Fiel - L'élève Bompel, 1947.pdf/15

Cette page a été validée par deux contributeurs.
13
l’élève bompel

Un attroupement s’était formé et l’on s’amusait de la crânerie de Nil. Vivement, au comble de l’horreur, sa mère l’emmena. Il ne résista pas, mais disait :

— Pourquoi ne peut-on pas se promener en chemise ? On est si bien…

Mme Bompel eut beaucoup de peine à le persuader qu’il avait mal agi. Dans son acte, il ne voyait rien de répréhensible, et à tout ce que sa mère pouvait trouver pour le convaincre, il opposait une logique qui la désarmait :

— Enfin, conclut-elle, impatientée, je sais une chose : c’est que tu n’as pas vu un seul petit garçon en chemise dans la rue… donc, c’est que cela ne se fait pas !

Nil réfléchit et répondit avec calme :

— C’est parce que les autres petits garçons n’ont pas trop chaud…

Mme Bompel se hâta de changer de conversation, comprenant qu’elle n’aurait pas le dernier mot.

Nil possédait un habitat à lui, et dans lequel il se trouvait fort bien. Cela consistait en un grand tabouret de cuisine, retourné. Il se logeait entre les quatre pieds qui se dressaient en l’air, comme des bastions dominant les points cardinaux. De cette forteresse, Nil voyait ce qui se passait autour de lui. Les quatre bastions étaient ceints d’une ficelle afin que nul ne pût pénétrer dans cette tour. Nil s’asseyait sur l’un des rebords, et il méditait. Il aimait le silence et détestait les jeux bruyants. Souvent, il chantait et sa voix juste causait toujours du plaisir à ceux qui l’entendaient.

Il était observateur, et, au printemps, il guettait l’été. Il regardait par la fenêtre, et quand il voyait courir l’ombre des nuages sur la terre, il s’écriait :

— Maman ! l’été arrive !