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l’élève bompel

songeait pas à dissimuler, reprit sa vie depuis l’incident de la règle. Ce fut une série de méfaits qu’il déroula devant ses auditeurs interdits.

Mme Legrise pleurait, et son mari était muet d’étonnement. Mme Bompel contemplait son Nil avec extase et se repentait d’avoir douté de lui.

Les enfants Ladoume étaient les moins surpris, parce qu’entre eux, ils avaient jugé leur camarade.

Nil baissait le front. Il était bien heureux intérieurement, de cette justice enfin rendue, et il se félicitait de ne pas l’avoir provoquée, bien qu’il eût, parfois, fait appel à la conscience de Legrise. Les événements, menés par le Maître divin, accomplissaient leurs rôles.

Chacun pouvait se rendre compte de la force d’âme de Nil, ayant supporté des avanies sans jamais dénoncer son camarade. Legrise souligna cet héroïsme.

L’émotion empoignait tous les assistants.

Si on ressentait quelque éloignement pour ce jeune garçon si fertile en méchants tours, on ne pouvait que le louer pour sa franchise présente.

Quand il eut cessé de parler, il ferma les yeux, exténué. Les consolations, les félicitations abondèrent vers lui, et il s’efforçait de sourire, bien que honteux de ses révélations.

Mme Legrise n’était pas fière. Elle vint près de Nil et s’excusa de l’avoir suspecté avec véhémence. Il accepta ses regrets avec la dignité froide qui le caractérisait et répondit avec son originalité habituelle :

— Je sais que souvent les mères trouvent beaucoup de qualités à leurs propres enfants, sans vouloir convenir de celles des autres.