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marthe fiel

— C’est que vous ne connaissez pas bien Legrise, Monsieur ! Le malheureux était très mortifié de ne pas être parmi les héros du jour. Il a quelque présomption et, bien que paresseux, il eût été enchanté de récolter quelques éloges. Ennuyé de tous les compliments qui bruissaient à ses oreilles en faveur de ses amis, il a éprouvé le besoin de ne plus les entendre et il a fait une incursion dans cette mansarde.

Nil n’ajouta pas que la cigarette défendue avait sans doute causé le malheur. Il préférait s’abstenir de cette accusation et ne parler que des suppositions anodines que son bon sens lui suggérait.

— Vous êtes bien au courant de l’esprit de votre condisciple !

— J’ai souvent vérifié sa façon de procéder…

Il y eut un silence, puis M. Tradal reprit :

— Fume-t-il ?

Nil regarda son professeur. Dans ce regard ils se comprirent, mais ne parlèrent pas.

M. Tradal prit un livre et l’ouvrit à la page voulue en disant :

— Nous en étions restés là…

La leçon se poursuivit.


Legrise eut le délire toute la nuit. La secousse avait été rude. Dans son cerveau surexcité passaient des images sinistres que la fièvre dramatisait encore. Il poussait des cris affreux ou bondissait hors de son lit pour fuir un danger atroce. Vers le matin, il s’assoupit, et quand il s’éveilla vers midi, le docteur qui était là, constata un état moins aigu.

Legrise put parler. Le docteur, cependant, exigea qu’on ne lui posât pas de questions. Son cerveau ne