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marthe fiel

Suffoqué, Nil bredouilla :

— Ce cobaye ne t’appartenait pas ! Je te l’avais refusé… il était à moi et tu aurais dû le respecter…

— Le respecter ! oh ! la la…

— C’était mon bien et tu me l’as pris par ruse…

— Ta mère me l’a donné parce que tu m’avais fichu à l’eau ! Tu vois qu’il a bien pris, le conte que je t’avais promis… Ta mère ne sait qu’inventer pour me faire plaisir… C’est extrêmement amusant !

Nil ne savait comment contenir son indignation. La conduite de Legrise lui apparaissait de plus en plus sombre, et il se demandait comment il se justifierait de toutes les accusations ourdies par ce génie malfai­sant. Sa mère le croyait à peine. Un doute s’infiltrait dans son esprit au sujet du fils qu’elle considérait jusqu’alors comme un être d’exception.

Nil se trouvait découragé. Il prit le parti de se taire, sachant que tout ce qu’il pourrait dire ne change­rait rien aux instincts mauvais de Legrise. De nouveau, il confia à la Providence, le sort de son camarade et le sien.

Sans un mot, il ramassa le cobaye qu’il avait élevé et l’emporta afin de l’enterrer.

Legrise cria :

— Si tu le ressuscites, tu me le rapporteras !

Un rire ironique ponctua cette phrase et Nil rentra dans sa maison.

Il montra à sa mère, le corps inerte du petit animal. Deux larmes coulaient de ses yeux et il murmura :

— Voilà ce qu’il est advenu de la gentille bête que j’avais soignée avec tant d’affection… Il me connais­sait et poussait des cris de joie quand il me voyait…