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l’élève bompel

— Alors, c’est que tu te savais coupable ! Ah ! mon Dieu, quel souci que ces garçons ! Enfin, Louis n’est pas noyé et je ne crois pas que dans le lavoir, il aurait pu l’être… Mme Ladoume a cependant bien défendu qu’on se risque au moulin, à cause du trou d’eau.

Nil ne savait que trop que Legrise préméditait quel­que chose.

— Il faudrait condamner cette porte, quand on reçoit des garçons comme Legrise, dit-il.

— Tu aurais pu en interdire l’accès !

— Legrise aime braver les défenses…

Mme Bompel allait encore parler, quand Mme Legrise se montra. Elle était pâle et agitée. Elle regarda Nil presque avec terreur et dit en bégayant :

— Que vous a donc fait mon pauvre enfant, pour que vous vous acharniez ainsi contre lui ?

Nil ne répondit pas. Il s’était levé à la vue de Mme Legrise.

— Vous m’entendez, Nil ?

— Oui, madame…

— Si votre camarade avait été noyé, quel crime horrible n’auriez-vous pas sur la conscience ? Je ne suppose pas que vous l’avez fait exprès bien que Louis paraisse y croire, mais il n’ose pas vous accuser franchement, le pauvre petit, de peur de vous attirer la punition que vous mériteriez.

Nil eut un tressaillement. Devant tant de noirceur sa révolte faillit éclater. Il la réprima pourtant et dit :

— Madame, votre fils ne s’est pas noyé et j’ai des devoirs à faire… Peut-être ne vous semblé-je pas poli ; mais c’est tout ce que je puis vous répondre…