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marthe fiel

animal inoffensif qu’il avait apprivoisé. Legrise s’en amuserait durant quelques heures, puis le martyrise­rait ! Ah ! non, son petit cobaye ne serait jamais entre les mains de ce barbare.

— Tu ne veux pas me le donner ?

— Non…

Tant pis pour toi !… ce sera la guerre…

Nil ne répondit pas et continua son chemin vers la demeure des Ladoume. Il laissa Legrise y rentrer seul et lui, revint chez ses parents. Il se rendit dans sa salle d’étude et s’attabla devant des cahiers, et, au bout d’un moment, il retrouva son calme. Il éloigna de sa pensée la méchanceté de son camarade et, sou­dain, il pria pour lui, afin que ce cœur si dur revînt à des notions plus saines.

Il y avait une heure à peu près qu’il travaillait, ayant presque oublié cette aventure, quand sa mère fit irruption dans la pièce et s’écria :

— Qu’est-ce qui s’est donc passé ? Il paraît que tu as jeté Legrise dans l’eau ? C’est affreux ! Comment est-ce arrivé ? Tu l’as poussé sans le vouloir bien qu’il ait l’air d’insinuer le contraire ?

— Maman… tu me connais, et je ne me justifierai pas devant l’accusation de Legrise…

— Mais encore ! c’est Jean qui vient de me racon­ter cela ! Il est bouleversé… Madame Legrise pleure à chaudes larmes et elle invective contre toi d’une façon ridicule… Qu’as-tu donc fait à ce vilain garçon ?

— Rien que du bien… répondit froidement Nil.

— Tu es déconcertant ! Tu n’as pas l’air indigné !

— Parce que je m’attendais à une dénonciation de la part de ce bon camarade…