Page:Fiel - L'élève Bompel, 1947.pdf/122

Cette page a été validée par deux contributeurs.
120
marthe fiel

Alors, se croisant les bras, il fit face à Legrise :

— Sais-tu que nous aurions pu disparaître tous les deux ?

— Oh ! moi… je me serais tiré d’affaire ! mais toi, si tu y étais tombé, tu y serais resté… alors au moins tu me m’aurais pas dénoncé…

— Es-tu fou ! tu ne dis que des bêtises !

Les yeux hagards, les gestes pleins de colère, Legrise hurla :

— Je me jette dans le lavoir !

Il y avait un lavoir à proximité, alimenté aussi par le bief. Legrise s’y jeta.

Aussi prompt que lui, Nil le saisit par les cheveux et le ramena sur le bord.

Tous les deux restèrent quelques minutes sans parler, mais en se regardant profondément…

Puis Nil prononça :

— Que voulais-tu faire ?

— Prendre un bain…

— Avec tes vêtements ?

— Je sais nager… je suis un sportif, moi !

— Quelle comédie avais-tu dans la tête ? me faire peur encore ?

Son camarade ne répondit pas. Nil reprit :

— Tes vêtements sont mouillés… viens en changer…

— Non… je veux que maman me voie ainsi…

— Pourquoi ?

— Parce que je lui dirai que tu m’as jeté à l’eau…

Un regard ironique accompagna ces affreuses paroles.