Nil se dégagea, parce que soudain, il avait entrevu les yeux mauvais de son camarade. Tant de méchanceté y brillait, qu’il en était effrayé.
Il dit fermement :
— Viens, Legrise…
— Tu as eu peur que je te jette dans ce gouffre ?
Nil ne répondit pas tout de suite. Il réfléchissait. Devait-il avouer ?
Il pensa qu’il le devait et il se décida :
— Oui… j’ai eu peur… parce qu’un mouvement brusque est vite arrivé… et…
Legrise l’interrompit en criant :
— Je te déteste et si j’avais pu te faire prendre un bain là-dedans, je l’aurais fait ! Oh ! je ne voulais pas te lâcher… ta mort m’aurait amené trop d’ennuis… mais te faire une bonne peur… quelle vengeance !
— Et moi qui te croyais repentant ! je m’imaginais qu’il n’y avait pas de Caïn !
— Tu m’insultes encore !…
— Tu le provoques !
— Sais-tu que tu es un témoin gênant ? J’en ai assez de ta morale…
Legrise se jeta sur Nil. Un terrible corps-à-corps s’engagea. Legrise était fort, mais Nil nerveux et l’instinct de la conservation décuplait ses forces. Il craignait que Legrise ne le poussât vers l’abîme et tous ses efforts tendaient à s’en éloigner.