où j’en étais. Cependant je trouvai la force de murmurer :
— Ne pourriez-vous pas rencontrer une jeune fille plus méritante encore que moi ?
— Oh ! cette phrase est celle d’une coquette.
— J’ai entendu dire, poursuivis-je, retardant ma réponse, qu’une aimable personne, nantie d’un million, vous aimait et que vous aviez refusé de la voir.
Il éclata en paroles véhémentes :
— D’où tenez-vous cette histoire ? Et puis cette inconnue, aussi aimable fût-elle, m’a tout de suite éloigné d’elle rien que par sa manière audacieuse de m’offrir le mariage.
— Elle vous aimait. Elle vous appréciait et elle a joué sa chance, balbutiai-je, prête à défaillir d’angoisse. Il y a des surprises qui s’appellent le coup de foudre et elle l’a éprouvé.
— Je le regrette pour elle, mais c’est vous que j’aime.
Que ce mot sonnait doux à mes oreilles ! Mais comment me faire pardonner ma tentative audacieuse ?
— Et vous, Ila, m’aimez-vous ? reprit Gustave Chaplène avec une tremblement dans la voix.
— Il y a longtemps… déclarai-je sans vergogne.
— Longtemps, s’exclama-t-il.
— Oui ; mais j’ai une confession pénible à vous faire. Pardonnez-moi d’avance.
— Grands Dieux ! ne me racontez pas que vous ne pouvez pas m’épouser. Je vous vois toute bouleversée et vous m’effrayez.
Je repris courageusement :
— Eh ! bien la jeune fille qui vous aime, c’est… moi.