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— Si vous trouvez le terme exagéré, mettez que je comprends mal mon devoir.

Ce n’était plus l’être de la veille, songeur et indécis, mais un homme énergique, déterminé.

Machinalement, nous avions pris le chemin tentant du lac, et il me paraissait une merveille. La voix de mon compagnon poursuivit :

— Il faut que je vous avoue que votre charme a produit sur moi une impression qui…

— Monsieur, monsieur ! interrompis-je, jugeant nécessaire de protester.

— Laissez moi parler et me confesser. Je me disais donc : si cette jeune fille possédait quelque aisance, je n’hésiterais pas à en faire ma femme.

— Ah ! cet argent, murmurai-je.

— Comprenez-moi. Ce n’était pas l’attrait de l’or qui me poussait à penser ainsi. Je voulais surtout que ma femme se trouvât indépendante. En mon âme et conscience, je me souciais davantage d’un sentiment d’équité que d’un accroissement de fortune.

— Ce sentiment est plein de délicatesse, et il pourrait se trouver mal compris et mal jugé.

— Attendez… Vos paroles d’hier m’ont éclairé et je me suis avisé qu’une charmante jeune fille sans fortune possédait autant qu’une autre ses droits au bonheur. Devinez-vous où je veux en venir ? Cette personne qui me paraît digne de tous les hommages, de tous les respects, et aussi d’un amour profond… c’est… Mademoiselle voulez-vous m’accorder votre main ?

Bien que je m’attendisse à cette conclusion je fus violemment émue. J’étais comme un sportif ébloui de gagner le match. Je ne savais plus trop

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