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suivre une camaraderie compromettante pour moi. Hier Déflet, aujourd’hui Chaplène, je n’entendais pas que ma conduite prêtât aux médisances. Heureusement pour moi, la comédie de Déflet n’avait duré que quelques heures, mais quoi qu’il en fût, c’était à mon tour de jouer et de me défendre.

J’en étais là de mes réflexions, lorsque mon compagnon murmura :

— Je vous ai parlé d’une promenade au mont du Revard. Voulez-vous que ce soit demain ?

— J’ai trop peur…

— Je suis certain que votre peur s’évanouira vite.

— Je n’en suis pas si convaincue. Il y a d’abord le vertige, indépendant de ma volonté ; puis, ajoutez à cela, la sensation, que je redoute, de me savoir suspendue au dessus d’un abîme.

— C’est une simple question d’entraînement. Vous n’y penserez plus quand vous aurez fait trois fois le trajet.

— Enfin, il faut que je travaille et que je suive mon traitement.

— Oh ! ce travail !

C’était bien là le réflexe d’un homme riche lui a l’habitude d’agir à sa fantaisie et qui trouve étrange qu’on puisse lui résister.

— Eh ! oui, repris-je avec gaieté, le travail est mon maître.

— Donc, si je vous comprends bien, je ne vous verrai pas plus demain qu’aujourd’hui ?

— Mon Dieu ! oui… quelques minutes dans la soirée. Comprenez aussi que ce serait bien… bien compromettant pour moi, de m’en aller avec vous tout un après-midi.

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