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les airs à la merci d’un câble me fait, d’avance, horreur.

— Que feriez-vous en avion ?

— Je n’en prendrai jamais.

— Je vous jugeais plus moderne.

— Hélas ! les apparences sont souvent trompeuses… Au fond, je suis très vieux jeu.

— Pourtant, vous vous trouvez ici, seule… donc émancipée.

— Très involontairement. Ma gouvernante est tombée malade au dernier moment.

— Vous n’en avez pas besoin… Ce serait de l’argent gaspillé !

— Quelle sollicitude ! fis-je en souriant. Mais si les heureux mortels qui ont quelque argent superflu ne le dépensaient pas, que feraient ceux qui sont dans le besoin ?

René Déflet me considéra avec curiosité. J’abordais là un sujet qui l’intéressait fort. Il répondit lentement :

— Ne vous appauvrissez pas sous prétexte de charité.

— Oh ! je suis prévoyante, soyez tranquille. Mes revenus sont cependant assez élevés pour me permettre de songer aux autres, que dis-je ? pour m’en faire un devoir !

Le visage de mon interlocuteur resplendit. Je poursuivis imperturbablement, feignant la confiance que doit témoigner une quasi-fiancée à l’élu de son cœur :

— Je demande parfois des comptes à mon notaire et je m’aperçois que je dépasse de beaucoup le million.

Le visage de l’escroc devint rouge ardent. Son émotion se traduisit par des regards si tendres que

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