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petite Sidonie, votre fiancé m’a rendu un grand service en me donnant cette lettre et je voudrais l’en remercier.

— Non… non, nous n’accepterons rien pour çà ! s’écria Sidonie. Que Mademoiselle ne croie pas que nous l’avons fait pour être payés ! C’est par amitié… c’est parce que Mademoiselle est gentille.

Elle éclata en sanglots. J’étais prête à l’imiter, mais je me contins. J’étais pomponnée, prête à la lutte, il ne fallait pas émousser mes armes offensives.

Sidonie demanda :

— Mademoiselle garde la lettre ?

Je sursautai. C’était vrai. Que faire de cette pièce à conviction ? Après réflexion, je suggérai à Sidonie :

— Votre fiancé ne pourrait-il la remettre dans la chambre de M. Déflet, sur une table ?

— Très facilement.

— Eh bien ! la voici.

— Le monsieur sera rudement tranquillisé.

— Oui, cela vaudra mieux.

Je tenais à jouer ma grande scène devant un partenaire exempt de soucis.

Je sortis de ma chambre et m’efforçai au calme olympien. Je marchais lentement pour accentuer mon assurance. Je ne fus pas plus tôt sur la terrasse, où je comptais m’asseoir et lire, que je vis arriver René Déflet. Je ressentis le petit choc au cœur que l’on doit avoir au premier engagement d’une bataille, mais je me remis instantanément, comme un vaillant soldat.

Le traître me guettait, évidemment. Sa physio-

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