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ne ressemblaient guère à ceux du matin. Ils étaient chargés d’une sorte de tendresse et s’accompagnaient de sourires aimables et d’expressions affectueuses.

Mais brusquement, au plus fort de cette joute de prunelles, je songeai que je ne connaissais rien de mon compagnon. Les idées raisonnables ne me viennent jamais que tardivement ; mais elles me viennent, et c’est le principal. Il ne s’agissait pas de me lancer encore une fois à l’aveuglette, et ces réflexions m’incitèrent à plus de réserve.

Ce qui me privait c’était de ne pouvoir me confier. Mon amie Pauline me manquait beaucoup et je me réjouissais à l’avance du plaisir que j’aurais à lui raconter toutes mes aventures.

Après dîner je passai sur la terrasse et m’installai dans un fauteuil. Le crépuscule était splendide et je me trouvais incroyablement heureuse.

M. Déflet prit à cœur de ne pas m’abandonner trop longtemps à ma solitude. Il paraissait ému. Je l’étais aussi, et nous restâmes un moment sans parler, puis je me levai avec nervosité, en disant :

— Je vais faire quelques pas.

— Me permettez-vous de vous accompagner ?

— Volontiers.

Qu’aurais-je pu répondre d’autre ? J’entendis, en réponse :

— Merci !

Un tendre regard souligna ce mot qui me parut d’une éloquence rare.

— Voulez-vous que nous allions vers le lac ? La soirée est si belle !

— Oui… mais je crains que nous ne soyons rapidement surpris par la nuit.

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