je ne lus, sur celui-là, qu’une admiration évidente. Une ferveur intense se dégageait des prunelles sombres qui dardaient sur moi leurs rayons incandescents. Était-ce un autre coup de foudre ? moins intéressé que celui de M. Tramaillac. Après tout, qu’y aurait-il eu d’extraordinaire à cela ? Je m’étais bien enflammée (et Dieu sait comment !) à la seule vue du profil de M. Gustave Chaplène. J’étais disposée à tout admettre dans cet ordre d’idées.
Décidément, ma petite personne devait plaire. Après Tramaillac et Amédée, ce troisième admirateur me confirmait dans cette hypothèse, et je me redressai avec une certaine fierté.
D’autant plus que ce numéro trois semblait d’un âge assorti au mien. Peut-être, moralement, représenterait-il aussi l’idéal auquel j’aspirais.
Je fis, ce jour-là, ce que l’on nomme la promenade du lac. Je cheminai sous une voûte de platanes, à travers lesquels je pouvais apercevoir de somptueuses villas. Ma richesse me parut bien médiocre et je pensai, sans aucune envie, que je ne saurais jamais rien de la vie opulente dans laquelle se dessèche souvent l’âme des oisifs. Je ne connaissais que l’existence emplie par le travail, et je me mis à philosopher. Pourquoi tant de luxe ? Ces maisons ressemblaient à des femmes rivales qui voulaient s’éclipser l’une l’autre.
Le lac scintillait comme un vaste miroir aux alouettes. Les petites ondes qui se jouaient sur sa surface étaient autant de feux rapides que le soleil colorait des jeux du prisme.
Je ne me lassais pas d’aspirer ce calme, cette quiétude. Les arbres se penchaient joliment sur l’eau comme pour en écouter la chanson murmu-