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tais que l’on me suivait du regard en se demandant où je pouvais bien courir à cette allure.

Je revins pour l’heure du dîner et je repris ma place à ma table solitaire.

Non loin de moi, il y avait une famille, père, mère, trois enfants, dont un garçonnet d’une huitaine d’années qui me contemplait béatement.

— Mange, Amédée ; ne regarde pas autour de toi.

— Je veux regarder la dame.

— C’est impoli.

— Non, j’aime la dame.

— Tais-toi !

— Pourquoi ?

Ce dialogue m’amusa et je souris involontairement. Le jeune Amédée surprit ce sourire et y répondit. Il s’écria, ravi :

— Maman, la dame est très gentille. Je peux aller lui dire bonjour ?

— Non ! Reste assis. Si tu bouges, tu iras te coucher tout de suite.

Cette menace effraya le petit bonhomme. Je me hâtai de terminer mon dessert et m’en allai, digne comme une déesse, sans tourner la tête vers mon adorateur.

C’était le deuxième coup de foudre de la journée.

Je trouvai Sidonie en train de préparer mon lit pour la nuit.

— La journée a été bonne, Sidonie ?

— Très bonne… j’ai cent francs pour ma tirelire.

— Mes félicitations.

— Ça donne du cœur au travail !

— Vous avez raison.

— Mademoiselle n’a plus besoin de moi ?

— Non, Sidonie. Bonsoir.

Le lendemain, je me sentis plus à l’aise. L’atmos-

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