Page:Fiel - Coups de foudre, 1947.pdf/42

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— En aucune façon, déclarai-je avec fermeté. Je ne me destine nullement au cinéma.

— Comment ! Vous refusez ?

Je souris, entêtée :

— Oui, monsieur… Je refuse.

— Alors que tant de jeunes filles me supplient, m’implorent pour que je leur donne trois lignes de rôle ?

— L’exception confirme la règle.

— Pourtant, quel merveilleux avenir s’offre à vous ! La gloire !… le Pactole

— Je ne tiens pas à la gloire, rétorquai-je, de plus en plus glaciale, ni au Pactole. Je suis sans ambition aucune et je préfère la réalité aux mirages, si tentants soient-ils, que vous faites miroiter à mes yeux.

Puis je me levai, signifiant ainsi que l’entretien avait assez duré, et je regagnai ma chambre.

Je me regardai dans un miroir avec soin, comme si je me voyais pour la première fois. Je ne savais pas si je devais être flattée ou confuse de ressembler à une star. Ma toilette était sobre. Seuls, mes cheveux paraissaient artificiels, mais un observateur circonspect aurait pu deviner qu’ils s’alliaient avec mon teint. Il est vrai que maintenant l’on arrive à se fabriquer tous les genres de teint avec tous les genres de cheveux.

Enfin, après un examen approfondi, je me décernai un brevet de toute simple jeune fille dont la beauté était aussi naturelle que l’âme était pure.

Quand je fus à peu près remise de cet émoi, j’allai me promener et, pour achever de me calmer, je marchai au pas redoublé. Mes yeux ne s’attardaient sur rien ni personne. Je fonçais en avant comme s’il n’y avait pas eu d’autres promeneurs, et je sen-

— 40 —