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— Gustave Chaplène.

— C’est vrai, il s’appelle Gustave. Aujourd’hui, je trouve ce prénom très seyant.

— Et c’est nordique, renchérit Pauline.

— À peine si j’y pense ! Malheureusement, cet homme merveilleux a émis des théories stupides qui m’ont peinée. Il ne veut épouser qu’une femme riche.

— Lui ?

— Eh ! oui, lui. Je ne puis donc me mettre sur les rangs. Je serais blackboulée d’avance.

Le visage de Pauline devint soucieux. Elle resta un moment sans parler, puis elle reprit :

— Quelle idée bizarre ! Je suis déçue. Je ne l’aurais pas cru aussi intéressé.

— Oh ! mais attendez. Il n’agit pas par intérêt. C’est beaucoup plus compliqué que cela.

Je rapportai alors à mon amie la conversation que j’avais surprise. Quand j’eus terminé, elle murmura :

— Évidemment, l’intention est bonne. Mais je trouve de tels sentiments bien exagérés. Un mari a cent manières de prouver à sa femme qu’elle ne lui est pas inférieure. C’est une raison bien spécieuse qu’il donne là.

— Il argue peut-être de cette belle raison pour cacher une certaine cupidité ?

— Je ne le crois pas. Je vous ai déjà dit qu’il ne me semblait pas cupide. Les hommes ont souvent des idées originales qui dépassent notre entendement. Les arguments de notre candidat sont discutables. Il désire l’égalité dans le mariage, et il présume que sa compagne souffrirait de tout devoir à son mari. Si elle est modeste et ne considère pas le don de sa main et de ses qualités comme une com-

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