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Les deux interlocuteurs s’éloignèrent, mais j’eus le temps de les apercevoir de dos et de profil. L’un était le directeur du service de Pauline, et l’autre un inconnu pour moi.

Ah ! qu’il était bien ! À un moment, je le vis de trois quarts et j’admirai sa distinction, son front haut, son menton énergique. Je compris brusquement que ce devait être celui dont Pauline m’avait parlé. Je demeurai étourdie. Je n’aurais jamais soupçonné que je prendrais feu aussi vite. Il ne s’agissait plus de glaces polaires, mais de rayons incandescents.

Je ne sus pas comment je rentrai chez moi. Je ne pensais plus qu’à ce jeune homme au visage sérieux, aux yeux ardents. Qui était-il ? et, s’il était riche, pourquoi faisait-il montre de principes aussi arrêtés.

Je me disais que, s’il m’épousait, je ne me croirais nullement inférieure. Ah ! qu’il essayât de solliciter ma main ! Je l’accepterais avec enthousiasme, sans plus réfléchir.

Ce soir-là, je ne me sentis nul appétit. Je rentrai directement chez moi sans aller au restaurant. Tout en rêvant, je croquai une tablette de chocolat. J’allais prendre un livre lorsque Pauline frappa à ma porte.

— Ah ! vous tombez bien ! m’écriai-je.

— Pourquoi ?

— Parce que j’ai vu votre inconnu, votre fameux inconnu.

Pauline battit des mains :

— Vous avez deviné que c’était lui ? En effet, il est venu chez mon chef… N’est-ce pas qu’il est bien ?

— Incomparable.

— Oh ! oh ! c’est de l’emballement.

— Complet !… Vous savez son nom ?

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