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cinéma !… cinéma !…

ce qu’une jeune fille ayant quelque pudeur, quelque dignité, se livre à une démarche pareille ?

Elle n’y voyait aucun mal à ce moment-là, parce qu’elle s’identifiait sottement à une vedette qui se per­mettait tout. Ainsi avait agi Maxime…

Revenue à la réelle conception des faits, elle com­prenait que sa conduite avait consisté en de fâcheux errements.

Ses remords croissaient et il lui semblait qu’ils alourdissaient son âme. Elle se demandait si elle au­rait assez de liberté d’esprit pour échanger avec Henri Elot les propos tendres qui marquent le temps des fiançailles. Elle craignait d’être toujours sous le coup d’une dénonciation. Elle scrutait sa mémoire, mais ne savait pas qui pourrait la vendre ; puis tou­jours le mot « expier » se présentait à son esprit et empêchait toute expansion joyeuse.

Ses nuits se passaient dans des sursauts soudains, dans des réveils où la sueur ruisselait sur son front, dans des transes cruelles dont elle sortait brisée.

Ah ! que de regrets provoquait sa folle conduite ! Que ç’eût été beau de pouvoir lever un front pur de toute pensée ambiguë !

De temps à autre, elle se disait : « Bah ! je n’ai rien fait de mal. Je me forge des montagnes avec des détails qui ne comptent pas ! »

Pendant quelques jours, l’obsession disparaissait, puis revenait pour la condamner.

Vint le dimanche où, invitée chez les Hervé, elle devait revoir Henri Elot.

Elle se vêtit de la robe qu’elle portait pour le bap­tême et sa mère lui dit :

— Je suis contente que tu aies quitté ta robe de deuil. J’aime celle-ci qui te va au teint ; seulement je voudrais te voir un air plus gai.

Claudine ne répondit pas. Sa mère continua :

— Nous sommes si contents, ton père et moi, que j’aimerais te voir à l’unisson de notre allégresse. C’est