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cinéma !… cinéma !…

Elle revint chez sa mère, tout étourdie par cette orientation inattendue de sa vie.

Mme Nitol l’accueillit par une question :

— Es-tu contente ?

— Comment ne le serais-je pas ? Il semble que tous les points principaux soient élucidés.

— Tu ne me parais pas gaie.

— Mais, maman, pense à la soudaineté de cette proposition ! Je flotte sur un nuage. Hier, je n’étais rien ; aujourd’hui, je deviens un personnage autour de qui une existence gravite. Je suis émue, recueillie, et ne puis encore montrer de l’exubérance.

Mme Nitol convint que sa fille avait raison. Si elle avait pu pénétrer les sentiments de Claudine, elle eût compris que la gaîté ne pouvait guère apparaître au milieu des agitations qui torturaient la jeune fille. Elle était remplie de scrupules et se sentait indigne d’épouser Henri Elot. Comment expierait-elle la satis­faction imprévue qui lui venait ? Maxime avait expié de façon terrible. Il était parti, arraché à la société comme un être malfaisant que Dieu n’avait pas voulu laisser sur la terre.

Claudine savait que son cas n’était pas le même. Il se limitait à des inconséquences, mais ne serait-elle pas punie pour s’être enfuie du toit paternel en insultant sa mère ?

La jeune fille passa la main sur son front comme pour en enlever cette honte. En lettres de feu le qua­trième commandement se dressait devant ses yeux : « Honore tes père et mère. » Avait-elle donc eu un moment de folie ? Non ; elle était consciente de ses paroles et de ses actes. Elle voulait changer de vie. Et ces heures où elle s’était enivrée ? Était-ce le propre d’une jeune fille élevée par une mère digne ? Certainement, elle expierait un jour tous ces hor­ribles moments.

Puis, si Henri Elot apprenait qu’un jour elle était allée chez J. Laroste lui demander l’hospitalité ? Est-