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cinéma !… cinéma !…

Soudain, un brouhaha s’entendit dans l’escalier. Les deux femmes se dressèrent, pâles comme des mortes. À peine pouvaient-elles respirer. Un souffle haletant sortait de leur poitrine.

Puis le tumulte parut décroître, et des pas lents et appuyés gravirent les marches.

Mme Nitol se cramponna à sa chaise en bégayant :

— Ils l’ont arrêté ! Mon Dieu, sauvez-nous !

Elle voyait se dresser devant son fils le redoutable appareil des condamnés.

Les pas eurent une pause devant leur porte. La faible espérance qui brillait dans le cœur des deux femmes s’éteignit. On sonna.

Aucune ne put bouger ; leurs pieds étaient de plomb. Pour la deuxième fois, la sonnette retentit.

Mme Nitol fit un effort et alla dans l’entrée. Rassem­blant son énergie, elle ouvrit.

Des hommes, aidés du concierge, portaient un corps : celui de Maxime.

— Madame Nitol, dit le concierge, il y a du mau­vais. Votre Maxime a cru traverser la rue, et il a été heurté par un autobus.

— Il est blessé ? cria la mère dans un cri déchi­rant.

— Oui ; portons-le sur son lit. Je cours chercher le médecin.

Mme Nitol guida les porteurs, et l’on étendit Maxime sur son divan. Son visage était convulsé, mais l’on ne voyait pas de sang.

Claudine s’était approchée, les yeux hagards, et sa gorge laissait échapper un gémissement. Mme Nitol avait reconquis tout son sang-froid et, avec l’aide des hommes, elle dévêtait son fils, alors qu’elle ne le croyait qu’évanoui. Deux grosses larmes descen­daient de ses yeux qu’elle ne songeait pas à essuyer.

Le docteur habitait dans l’immeuble. Il jeta un coup d’œil sur le corps couché là et, s’approchant plus près, il dit :