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cinéma !… cinéma !…

Ce soir-là, plus que jamais, sa pensée allait le re­chercher dans ce mystère du silence où il s’enlisait.

Ses parents l’attendaient, prêts à se mettre à table. Elle chassa le nuage qui voilait son visage et prit sa place pour le dîner familial. Quelques phrases s’échangèrent, puis, au dessert qui se composait d’un gâteau de riz bien simple, Claudine perçut un coup léger, frappé à la porte d’entrée. Elle se leva d’un bond, toute pâle, et dit :

— Qui frappe ?

Ses parents la regardaient, ne sachant pas ce qu’elle voulait dire :

— N’avez-vous pas entendu ?

— Non, mais un locataire a sans doute heurté la porte en passant.

— C’est possible.

Elle se rassit, toute chavirée. Dehors, des trombes d’eau dévalaient des toits. Des autos circulaient au bruit de leurs klaxons.

— On a encore frappé ! cria Claudine, qui se leva de nouveau.

— Je crois avoir entendu, murmura Mme Nitol.

— Je vais aller voir, décida le père.

— Prends garde, mon ami ; demande d’abord qui est là.

— Oui, oui, n’aie pas peur.

M. Nitol quitta son siège et les deux femmes le sui­virent. Dans le vestibule, l’oreille collée à la porte d’entrée, M. Nitol demanda :

— Qui est là ?

— C’est moi, Maxime ; mais silence !

Alors que M. Nitol entrouvrait la porte, Mme Nitol poussait un cri. Il s’arrêta dans sa gorge, car un être trempé bondit dans l’appartement en soufflant :

— Cachez-moi, ne parlez pas… Je suis poursuivi…

Maxime se glissa dans sa chambre sans un mot de plus, cependant que ses parents, effrayés, le regardaient sans comprendre.