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cinéma !… cinéma !…

Mme Nitol pouvait à peine parler, tellement la joie, après tant d’angoisse, l’étourdissait.

Claudine était un peu gênée et s’était sauvée dans sa chambre pour enlever ses vêtements mouillés.

Après avoir vu le taudis de Coralie, elle trouva sa chambre bien accueillante. Ce n’était pas le joli salon couleur bouton d’or, mais c’était un coin où elle avait toujours vécu en l’enjolivant. Il lui devint sympa­thique tout à coup.

Elle donna un coup de peigne à ses boucles, enfila des pantoufles et revint dans la pièce où se tenaient ses parents et tante Logone.

— Dehors, il fait un de ces temps ! dit-elle avec enjouement, l’âme éclairée par son retour.

Un instinct encore obscur lui soufflait qu’elle avait échappé à un danger, et ici, entre ses parents, elle se sentait rassurée.

Tante Logone parlait de la dînette qu’elles avaient faite toutes les deux, de la joie qu’elle avait eue de revoir Claudine, puis elle se leva pour partir.

— Par ce temps ? Ne pouvez-vous rester ici ? Le divan du salon est à votre disposition, dit affectueu­sement Mme Nitol.

Après avoir réfléchi un instant, tante Logone dit :

— J’accepte. Je n’ai pas envie de me faire canar­der davantage.

À vrai dire, tante Logone obéissait à un autre sen­timent. Elle voulait causer avec Claudine encore un peu sérieusement. Elle savait que la jeune fille avait besoin d’être soutenue fermement.

La nuit se passa bien. Claudine, après avoir versé quelques larmes, s’endormit paisiblement. Le matin trouva la famille dans de bonnes dispositions, mais Claudine se trouvait très perplexe. Devait-elle se rendre à son travail ? Ah ! elle croyait bien en avoir fini avec cette servitude, mais elle constatait qu’on échappe difficilement au sort que la vie vous assigne.