— Tu parais lasse, reste tranquille : je n’ai pas du tout besoin de ton aide.
— Bien, tante Logone, et merci !
Claudine était revenue à l’appellation que l’on donnait à Philogone quand elle venait dans la famille.
Quand la petite vaisselle fut rangée, la bonne hôtesse s’assit à côté de sa visiteuse et, lui prenant la main, elle lui dit fermement :
— Maintenant, ma chérie, confesse-toi ; j’ai besoin de savoir la cause de ton arrivée chez moi.
— Oui, tante Logone…
Claudine avait résolu d’être franche, et son récit, entrecoupé de sanglots, étonna grandement la modeste lingère.
— Vous savez, tante Logone, ce n’est pas de ma faute, mais je ne puis plus vivre dans de vilains logis ; je m’y trouve trop malheureuse !
— Tu es une pauvre petite qui ne réfléchis pas ; tu as constaté aussi que tout ce qui brille n’est pas or. Cette Coralie dont tu as admiré les diamants ne portait que du verre qui jetait des feux grâce à l’électricité ! Tu as vu l’envers du décor en allant chez ce M. Mase ! Qu’as-tu vu, au lieu d’un joli intérieur ? Une chambre sordide où tu étais honteuse de te trouver. On fait son nid à son image, et sans être riche, on peut l’arranger avec goût et surtout avec propreté.
— Et ce Mase qui était marié, sans avoir rien dit ! murmura rêveusement Claudine.
La bonne Philogone eut un petit sourire…
— Il est fort heureux qu’il ait été marié quand tu es arrivée, sans quoi il t’aurait gardée pour mettre de l’ordre dans son ménage, et que serait-il advenu de toi, grand Dieu ! Je n’ose y penser ! Une espèce de Coralie…
— Oh ! tante Logone ! cria Claudine, scandalisée.
— Et tu aurais pu penser au cinéma pour embellir ton existence.
— C’est affreux, tante Logone ! Je vous assure que