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cinéma !… cinéma !…

assez pleuré : rentrez chez vous, et n’allez plus aussi souvent au cinéma. Il faut avoir les nerfs solides et le cerveau bien organisé pour en faire sa pâ­ture.

Claudine sécha ses larmes. Une rage froide la pos­sédait en constatant les échecs auxquels elle se heur­tait. Elle avait cru en tous ces gens, et ils l’abandon­naient, ne la trouvant pas à plaindre, puisqu’elle avait de bons parents.

Mase lui demanda :

— Vous avez vu Laroste ?

— Oui, répondit-elle, un peu honteuse.

Il devina son embarras et dit tranquillement :

— Ah ! bon. Je devine que vous n’avez pas eu de succès auprès de lui. C’est un type chic et d’un bon milieu. Je l’ai connu par hasard ; il est bien gentil, mais on n’a pas d’intimité avec lui, nous ne sommes pas de son bord.

Claudine ne répliqua pas. Elle s’en alla après un adieu bref. Si Coralie conservait un petit air gouail­leur en la reconduisant à la porte du logis, Mase lui dit de bonnes paroles, mais on les sentait sans vraie pitié.

Elle pensait à Laroste. Il eût été l’idéal, mais sans doute n’était-elle pas non plus de son « bord ».

Mon Dieu ! il fallait rentrer chez elle ! Quelle humi­liation ! Elle allait, indécise, dans la nuit, mais il n’y avait pas d’autre issue.

Tout d’un coup, une lueur fulgura dans son esprit. Il y avait Philogone. C’était une lingère, amie de sa grand-mère défunte, mais un peu plus jeune. Elle aimait beaucoup l’aïeule qu’elle avait assistée à ses derniers moments.

Claudine avait toujours un peu ri de la bonne demoiselle, à cause de sa simplicité, de ses goûts modestes et des aumônes mesquines qu’elle faisait. Au­jourd’hui la jeune fille lui trouvait un grand cœur.