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cinéma !… cinéma !…

— Jamais !

Ce mot fut proféré avec une énergie farouche.

— Où voudriez-vous donc vivre ?

— Chez vous ! lança Claudine, qui ne se connais­ sait plus. Oh ! j’aime ce salon qui répond à mon idéal.

— Mais, mon enfant, une jeune fille comme vous n’habite pas chez un jeune homme !

— Pourquoi pas ? Je vois cela constamment au ci­néma, et tout a l’air de se passer pour le mieux ! s’écria Claudine, tremblante de dépit.

— Que vous êtes candide, mon petit ! Je ne puis vous garder chez moi. Je vais vous reconduire à votre famille, afin de ne pas encourir les reproches de vos parents.

— Vous ne voulez pas me garder ? gémit Claudine.

Je vous assure que je ne puis plus vivre dans notre triste logis ! Oh ! Jacques, je croyais que vous m’ai­miez un peu.

— Illusion de cinéma, chère petite. Quand on re­garde un film, on croit possible et vrai tout ce qui s’y passe. Votre esprit est tout neuf, votre âme sensible, vos désirs violents, et vous avez pensé que la vie vous donnerait tout cela. C’est une grosse erreur.

— Vous ne m’aimez pas ! cria Claudine.

— Vous êtes tout à fait charmante et je ne puis que vous féliciter que je n’aie qu’une bonne affection de frère.

— Oh ! quelle déception ! cria de nouveau Claudine avec violence.

— Comprenez-moi bien, mon enfant. Nous ne pouvons pas vivre ensemble sans être mariés.

— Pourquoi pas ?… Au cinéma…

— Petite, petite, interrompit Laroste, ne mêlez pas le cinéma à la vie. Je ne puis me marier. J’ai un poste lointain dans une colonie dangereuse et je ne puis y emmener une femme. Je suis en congé pour le moment.

— Je croyais que vous vous occupiez de vos terres ?