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cinéma !… cinéma !…

Elle sortit comme une somnambule et, dans cet état, elle se dirigea vers le quartier de J. Laroste. Elle avait la hantise du salon bouton d’or où elle s’était trouvée si bien.

Elle n’eut pas une hésitation quand elle fut devant la porte du jeune homme. Elle sonna.

Jacques Laroste était en train de lire, quand elle fut introduite par le domestique.

— Ah ! c’est Claudine !

— Bonsoir, Jacques.

— Quelle bonne surprise ! Vous allez bien, depuis hier ?

— Vous le voyez !

À vrai dire, Jacques Laroste s’était demandé au long de la journée comment la jeune fille avait sup­porté l’excès de champagne de la veille.

Claudine s’était assise et elle dit :

— Il se passe pour moi des choses lamentables.

Elle ferma les yeux en se pelotonnant dans son fauteuil.

— Et quelles sont ces choses lamentables ?

— Maman, qui ne me comprend pas du tout, m’a fait une telle morale, hier, que j’en ai été outrée.

— Sans doute le champagne absorbé était-il pour quelque chose dans cette morale.

Claudine rougit, s’enfonça dans son fauteuil et mur­mura :

— Que l’on est bien chez vous ! C’est confortable, gai et chaud.

Puis elle poursuivit, revenant au sujet capital :

— Bref, j’ai dit que je ne retournerais pas à la maison, que j’en avais assez et que je voulais vivre libre.

Le front de Laroste s’était rembruni, son sourire avait disparu et il regardait Claudine sévèrement.

— Mon enfant, dit-il, ne commettez pas d’erreur irréparable. Il faut rentrer sagement au logis paternel, sans quoi vous pourriez vous en repentir.