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cinéma !… cinéma !…

— N’en parlons donc plus et déjeunons,

— Je n’ai pas faim.

— Force-toi ; tu ne prends pas assez l’air. Doréna­vant, tu passeras tes dimanches avec moi. Nous fe­rons de grandes promenades.

— Ah ! non, jamais.

— Qu’est-ce que j’entends ?

— Je veux au moins la liberté de mes dimanches.

— Tu en fais un trop mauvais usage.

— Je m’en irai ! Je m’en irai !

Avec colère, Claudine jeta sa serviette et se leva de table, les yeux furibonds.

— Où iras-tu, malheureuse ?

— Je connais une jeune fille de trente ans, céli­bataire, elle habite un studio et je m’associerai avec elle. Nous avons les mêmes goûts et nous vivrons pai­siblement en respectant notre indépendance.

— Je ne veux pas que tu quittes la maison et que tu t’exposes à des aventures navrantes. Sois raison­nable, réfléchis. Tu es si jeune ! La raison ne te con­duit pas en ce moment.

— Oh ! je suis très lucide et je sais ce que je veux, interrompit Claudine violemment.

Bien que Mme Nitol fût terrassée par cette scène, elle parvint à calmer la jeune révoltée et à lui faire reprendre sa place à table.

Claudine était incapable de manger. Elle restait les sourcils froncés, prête à l’attaque malgré tous les efforts de sa mère pour la dérider.

Mme Nitol ne prenait pas cette colère au sérieux. Sa fille était jeune, sensible aux influences, et elle pensait la ramener à plus de raison.

La bouderie qu’elle lui voyait ne tirerait pas à con­séquence, parce qu’elle provenait de la gêne causée par l’incident survenu.

Claudine, sans doute, était honteuse d’avoir menti