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cinéma !… cinéma !…

des diamants brillaient. Claudine en fut éblouie et se crut au cinéma, tellement ces personnes en possé­daient l’allure. Elle se sentit écrasée, mais quand les présentations furent faites, elle se vit étourdie de compliments sur son visage et sa robe.

Puis un couple survint encore. La dame avait le même genre que les deux autres. Au cours de la conversation, Claudine apprit que les dames étaient artistes de music-hall. L’emploi de Claudine ne fut pas révélé et elle en fut heureuse, parce qu’elle n’en était pas fière. Dans cette ambiance inaccoutumée, elle oubliait qui elle était, ainsi que la mesquinerie de sa vie.

Elle comprit que celui qui les recevait n’avait pas d’occupation dans la capitale. Il était en congé, sem­blait-il, et se contentait de gérer ses propriétés avec l’aide d’un ami. Ceux qu’il recevait là étaient plus ou moins riches, c’est du moins ce que la jeune in­vitée déduisit par les paroles entendues. Une autre remarque qu’elle fit, c’est que Jacques Laroste parais­sait d’un niveau supérieur à son entourage, bien qu’il ne marquât pas de dédain.

Elle s’amusait du bagout, de la franchise « bon en­fant » de cet entourage et elle riait des saillies décochées. La familiarité grandissait.

Une des jeunes femmes lui dit tout à coup :

— Vous me plaisez et vous me paraissez faite pour le théâtre. Je vous guiderai, si vous voulez.

Claudine ne s’attendait pas à une telle ouverture, et, dans sa joie, elle ne put d’abord trouver un mot pour l’exprimer. Comment ! elle pourrait faire partie de cette brillante phalange de femmes merveilleuses, richement parées et qui monopolisaient tous les hommages ? Elle put enfin répondre :

— Oh ! vous me comblez, Madame ! C’est un rêve auquel je n’osais pas prétendre. Je suis toute prête à vous suivre.

Claudine oubliait tout : sa famille, son métier, son