Claudine se mordit les lèvres. Il fallait bâtir sur son mensonge.
— C’est vrai, mais nous avons élaboré ce chef’ d’œuvre tellement rapidement qu’elles ne se souviennent plus de la marche à suivre. Tu comprends com bien cela les intéresse. Il y en a même une qui veut la copier.
— Je suis désolée. Tu vas encore passer une après-midi hors de la maison.
— Que veux-tu, m’man ! C’est notre vie à nous autres, jeunes. Nous commençons à avoir nos affaires personnelles, parce que nous ne sommes plus des bébés.
— Je m’en aperçois ! Enfin, je ne puis guère t’empêcher d’aller où tu te crois utile.
— Tu es gentille, m’man !
Claudine embrassa sa mère parce que des remords naissaient sur son mensonge. Il lui vint un malaise, car elle chancelait sous le faix de sa charge de tromperies. Pourquoi se conduisait-elle ainsi, au lieu de rester la jeune fille simple et douce qui ne cherchait aucune complication ?
Elle rejeta vite ces gênantes divagations, comme elle les appelait. Elle ne voulait pas s’amollir dans une vie médiocre. Tout de suite, elle reporta son esprit vers les films brillants et son visage devint extatique.
Quelle attente fiévreuse que cette matinée du dimanche ! Quelle angoisse délicieuse la possédait !
— Tu viens à la messe avec moi, Claudine ?
— Oui, maman.
Pour dire la vérité, Claudine se laissait conduire ce matin-là, car elle ne pensait qu’aux heures futures. Cinéma d’abord, et ensuite la surprise, l’inconnu, l’aventure.
Elle accompagna sa mère à l’église. Prier ? Elle ne le pouvait pas, et c’était effrayant. Il lui semblait que son âme était rigide, car elle ne pouvait formuler une