Page:Fiel - Cinéma! Cinéma!, 1953.pdf/25

Cette page a été validée par deux contributeurs.
23
cinéma !… cinéma !…

— Tu sais fort bien évaluer. C’est la somme de­ mandée.

— Mon Dieu ! Comment pourras-tu payer ?

— Mais, m’man, j’ai des économies et tout est payé.

Que dire ?

La mère était soulagée et elle se tut. Les enfants prennent l’habitude de se conduire seuls, sous pré­texte qu’ils gagnent leur argent.

Mme Nitol reprit :

— Il est temps de te lever. Tu pourras aller à la messe de midi et demi…

Aller à la messe ? Claudine n’y pensait pas. Sa cervelle farcie des hommages reçus, des louanges pro­diguées, elle était loin de songer à la messe.

— Mais, s’écria-t-elle, n’ai-je pas entendu la messe de mariage ? Cela compte pour mon dimanche…

— Tu plaisantes ! Je te laisse t’habiller. L’église est toute proche.

Claudine se résigna parce qu’elle savait qu’on ne la laisserait pas sortir l’après-midi sous prétexte de repos, et c’était dans un fauteuil de cinéma qu’elle voulait se reposer.

Elle fit une station rapide dans l’église et flâna un peu avant de rentrer. Elle déjeuna entre son père et sa mère et parla de la veille. Son frère déjeunait chez un camarade.

— Il y a Marcel Dalanne qui m’a proposé de l’épouser.

— Oh ! tu ne m’avais pas dit cela ? s’écria Mme Nitol.

— En ai-je eu le temps ? Sitôt que tu m’as vue, tu m’as envoyée à la messe.

— Qui est ce Marcel Dalanne ? demanda M. Nitol.

— Le fils d’un bon commerçant du quartier, dit la mère avec entrain.

— Il te plaît ? questionna le père.

— Pas du tout !

— Oh ! gémit Mme Nitol, que te faut-il ? C’est un garçon qui a de la fortune et un magasin florissant.