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CINÉMA !… CINÉMA !…

fille, je n’aime pas beaucoup ces séances au cinéma. C’est malsain de toutes les façons.

— Oh ! comment cela ?

— D’abord, la salle enfumée est mauvaise pour les jeunes poumons ; puis les spectacles ne sont pas toujours appropriés pour la jeunesse ; enfin, tout ce faux brillant qui vous transporte dans une atmosphère de luxe font trouver fade le logis familial. Tout cet ensemble n’est pas très éducateur, et je voudrais que tu y sois moins assidue. Dimanche, tu viendras avec moi, nous irons voir de vieux amis à Villemonble.

— Tu veux rire, p’pa !

À ce moment Maxime apparut, les joues rouges, les yeux hors de la tête.

— Bonsoir, mes ancêtres !

— Maxime, dit sévèrement M. Nitol, je ne veux pas de ces manières-là !

— Oh ! p’pa, il faut être de son temps. Cela n’empêche pas de respecter ses parents, quand on leur dit des mots drôles.

— Moi, cela me déplaît. D’où sors-tu, gamin ?

— Du ciné, où j’ai vu une pièce emballante ! Oh ! ce que ces hommes sont habiles ! J’ai vu deux gangsters qui cambriolaient avec un chic !… Puis, surpris, ils ont tué le gardien, mais avec une dextérité, une propreté splendides ! Quelle leçon !

— Pauvre petit fou ! Tu n’as donc pas compris que cette facilité était préparée, voulue par les artistes ? Tu ne sais pas combien de fois ils ont répété leurs scènes, pour donner aux spectateurs l’illusion d’une réussite rapide ? Que cela m’afflige de vous voir admirer de tels exploits ! Vos yeux s’y habituent et votre moralité se blase.

Si Maxime baissait le nez d’un air qu’il voulait contrit, il n’était pas convaincu. Devant sa rétine restait le tableau net de ces cambrioleurs, venant à bout de leur besogne avec une désinvolture stupéfiante. Une admiration injustifiée allait vers eux, pour la célérité,