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cinéma !… cinéma !…

enfance. Il avait été privé de ses parents vers l’âge de quatorze ans, et il se souvenait d’eux avec beaucoup d’émotion. Il parlait de sa mère avec tendresse, et Mme Nitol faillit pleurer. Elle cacha ses larmes en rangeant des tasses sur un plateau, afin d’offrir du thé. Quand elle l’apporta, Claudine se hâta de faire le service.

Après deux heures de causerie, J. Laroste prit congé en déclarant qu’il reviendrait pour des adieux définitifs, à quinze jours de là.

Le mot « adieu » sonna mal aux oreilles de Mme Nitol qui s’avisait de ne plus trouver gênante la sympathie de ce monsieur.

Quand il fut parti, la mère dit à sa fille :

— Sais-tu que c’est un rare jeune homme !

— Quand je vous le disais qu’il était bien ! s’écria M. Nitol, qui venait de reconduire son visiteur.

Claudine dit lentement :

— Oui, il est fort bien, et surtout très loyal.

Elle pensait à l’imprudence commise en allant chez lui, et depuis qu’elle avait plus d’expérience, elle comprenait combien la conduite de Laroste avait été celle d’un homme d’honneur.

Elle se souvenait, et le rouge lui en montait au front, à quel point elle s’était montrée mal élevée, et combien elle avait bu de champagne, bien qu’il eût voulu l’arrêter. Mais elle se sentait folle, ayant en tête les exemples des situations séduisantes que montrait l’écran.

— Enfin ce temps était périmé. Grâce à Dieu, elle était revenue à des sentiments plus sains.

Il avait fallu la terrible aventure de son frère pour qu’elle se rendît compte de quelle puissance maléfique le cinéma pouvait être coupable. À l’intérieur des salles comme sur l’écran, un sentiment pervers et sournois pénétrait dans l’esprit des âmes candides, sans qu’elles s’en aperçussent.

Claudine revivait ces souvenirs qui avaient tenu une