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cinéma !… cinéma !…

demanderait pas mieux que de renouer ses fiançailles.

Claudine restait muette devant ces avances, et quand elle rentrait avec sa mère de ces visites qu’elle qualifiait d’odieuses, elle était exaspérée.

— Tu vois, lui disait Mme Nitol, c’est un brave garçon, il est tout prêt à te plaire. Il t’aime toujours et il a été maladroit, tout simplement. Il s’en repent, et c’est là l’essentiel. Montre ta bonne volonté et pardonne-lui ses questions ridicules.

— Je lui pardonne tout ce que tu voudras, m’man, mais ne me parle pas de reprendre ce projet.

— Ma fille, tu es entêtée, et cela ne te portera pas bonheur. Il faut des concessions, dans la vie.

Si Claudine allait encore chez les dames Hervé, c’était pour voir sa filleule, à qui elle s’attachait beaucoup. L’enfant était mignonne et Claudine se persuadait qu’elle devait être pour elle une seconde mère, et ce rôle lui plaisait.

Un jour, à son grand ennui, elle vit Henri devant le berceau de l’enfant. Elle faillit reculer, mais se contint et, avec naturel, le salua en disant :

— Bonjour, Henri.

Leur temps bref de fiançailles avait supprimé les appellations de « monsieur » et de « mademoiselle », de sorte qu’ils se trouvaient sur un pied d’intimité apparente.

Le début de la conversation fut assez difficile, mais, grâce au primesaut de la jeune mère, la gêne parut disparaître. Il revint même un sourire à Claudine, ce qui transforma soudain l’atmosphère.

Henri Elot s’enhardit. Il décrivit son isolement, sa mélancolie, parla de ses défauts avec peut-être un peu d’ostentation, afin d’apitoyer ; cependant il insista sur la ferme intention de s’en corriger.

La jeune femme l’écoutait avec attention et elle s’écria soudain en se tournant vers Claudine :

— Je vous le disais bien, ma jeune amie : c’est un bon garçon que cet Henri.