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cinéma !… cinéma !…

de cette brume qui l’enveloppait. Pour elle, le mirage était emporté par Maxime, mais Henri pouvait croire qu’il ressusciterait et qu’un jour sa femme, lasse du trantran domestique, s’exalterait de nouveau sur de vaines fantaisies.

Claudine craignait cet esprit soupçonneux qui, à la première occasion, voudrait sonder son cœur et lui arracher des aveux. Or, ces aveux n’eussent été que des nuances fugitives, impossibles d’être admises par un jaloux qui les aurait amplifiées. Il se pouvait qu’elles devinssent de véritables armes et que la pauvre Claudine fût accusée d’un crime qu’elle n’avait pas commis.

Malgré ses regrets et ceux de sa mère, elle ne renouerait pas avec Henri Elot. Bien qu’elle y perdît une situation enviable, elle préférait vivre célibataire plutôt que de se heurter constamment aux soupçons d’un jaloux.

La vie serait intenable : les questions, les doutes, les ruses, les pleurs, puis les raccommodements.

Claudine avait l’horreur des scènes. Ce qu’elle voulait, c’était le repos. Elle avait exposé ses sentiments à Henri qui avait paru les comprendre, mais son naturel, qu’elle ne connaissait pas, s’était révélé et, grâce à Dieu, avant que ce ne fût trop tard.

Mme Nitol ne cessait pas de vitupérer contre sa fille :

— Quel caractère tu as ! Je me figurais que tu étais heureuse !

— Je croyais pouvoir l’être.

— Tu n’y apportes aucune bonne volonté !

— Oh ! maman, que dis-tu là ? J’ai accepté Henri avec enthousiasme ; j’étais même éblouie par la chance qui m’arrivait, mais j’ignorais l’état d’esprit d’Henri. Il s’est révélé alors que notre intimité grandissait. Vraiment je ne pouvais pas supporter des interrogatoires constants. Cela tue l’amour. L’ennui, c’est qu’Henri ne m’ait pas connue plus tôt : il eût été témoin de ma vie et ne m’aurait pas suspectée.