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AUTOUR D’UN CANDIDAT

— Mais oui, pour moi, c’est un miracle, parce qu’elle m’a permis de me montrer telle que je suis…

— Cesse de me narguer !…

— Oh ! maman, redeviens gentille… Marcel Gémy est charmant et sans doute ne voudra-t-il pas m’épouser… je suis tellement insignifiante !…

— C’est fort heureux, car nous n’aurons pas ainsi la peine de lui refuser ta main…

— Nous n’en sommes pas là… riposta Louise avec un accent voilé de tristesse.

Mme Lavaut ne le remarqua pas. Elle continuait de se sentir lésée dans ses projets et elle avait beaucoup de mal à reprendre pied.

Louise respecta le silence durant lequel sa mère s’absorba quelques minutes.

Enfin, Mme Lavaut murmura :

— Heureusement que j’ai moins de mal avec ton frère et qu’il a compris, lui, la nécessité d’un mariage brillant… Je crois que Jeanne est touchée par l’amabilité simple qui ne se dément jamais chez lui… Elle a vu sans doute qu’il saura devenir un jour le député qu’il faut…

Louise interrompit ce monologue :

— Mais, maman, tu t’égares absolument… Jeanne ne se mariera jamais… Elle est la servante de Dieu… uniquement… Alfred a trop de bon sens pour se risquer à prétendre à sa main…

Mme Lavaut était crispée par l’étonnement de voir sa fille dans une attitude aussi décidée et formulant un jugement aussi judicieux.

Elle cherchait une réponse, mais elle fut dispensée de la trouver. On frappait à sa