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AUTOUR D’UN CANDIDAT

Louise s’aperçut du mauvais effet produit et elle se blâma. Elle voulut pallier ses paroles malheureuses et lança bravement :

— La saison s’avance, le vote sera dimanche et ensuite on se séparera… Ce sera un peu triste après cette bonne camaraderie…

— C’est charmant ce que vous me dites là !… s’écria Marcel rasséréné.

La pauvre Louise, encore une fois, prise de scrupules sur sa hardiesse, se hâta d’effectuer un pas en arrière en s’exclamant :

— Je parlais sans réfléchir…

— Ah ! bien, riposta Marcel ironiquement, pour animer la conversation, sans doute !

— Vous vous moquez de moi !… Je suis pourtant assez malheureuse…

— Vous avez un chagrin ?… s’apitoya Marcel.

— Oui, mais je n’en puis parler…

— Alors, je n’insiste pas…

La conversation tomba, et Louise, dépitée par cet arrêt brusque, s’écria :

— Insistez, Monsieur Marcel !

Le jeune homme, complètement ahuri par ces mots étranges, regarda de nouveau la jeune fille. Il ne comprenait plus rien à cet échange de paroles qui tenaient du quiproquo.

Elle s’aperçut de l’étonnement qu’elle provoquait, et, pleine de confusion, elle s’enfuit en courant, délaissant sa gerbe de fleurs.

Marcel put l’entendre qui murmurait :

— Oh ! vous me jugez mal, c’est affreux !…

Il resta seul, et ses pensées, au lieu de retourner vers ses électeurs, s’arrêtaient sur l’énigme que venait de lui poser Louise par son étrangeté.