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AUTOUR D’UN CANDIDAT

nous aider… Les femmes seules sont grugées, volées de façon pitoyable… Il faut que cela change… J’en ai assez de te promener, de te faire valoir… Cela m’enrage de voir tes amies qui se marient et qui ne te valent pas, tandis que je suis là à te regarder vieillir… Tu ne mets aucune bonne volonté à fixer ton avenir… Tu as vingt-quatre ans, ne l’oublie pas !

— Cela ne m’émeut pas… J’ai résolu, dès que j’en aurai vingt-cinq, de prendre une occupation intéressante… Tout le monde n’est pas forcé de se marier… Regarde Jeanne… elle est fort utile par ses œuvres et ne s’ennuie jamais… Elle ne pense guère au mariage…

— Pour le moment peut-être, riposta Mme Lydin qui se souvenait de ce qu’elle venait d’avancer à Mme Lavaut, puis Jeanne est riche…

— Enfin… je ne vais cependant pas aller demander Marcel Gémy en mariage !

— Assurément non… mais tu peux lui montrer quelques-unes de tes qualités… Enfin, au lieu de porter toujours cette même petite robe, tu pourrais t’habiller plus coquettement… À quoi servent les toilettes que je t’ai achetées ?

— Mais, maman, ce n’est pas la peine que je les use ici… Nous nous asseyons sur des bancs moussus… nous allons dans les bois où il y a des ronces…

— Eh bien ! dorénavant, tu t’assiéras sur des bancs convenables, tu n’iras plus dans les bois et tu feras quelques frais de toilette…

Mme Lydin, sur ces mots, prit sa fille par la main et l’entraîna vers sa chambre afin