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AUTOUR D’UN CANDIDAT

quoi répondre, et elle prit le parti de rire comme à son ordinaire :

— Ah ! maman… il ne songe guère au mariage !… C’est un bon camarade avec qui on plaisante sans songer aux décisions graves… Quand nous composons ses discours aux électeurs, tu ne peux t’imaginer ce que nous pouvons nous amuser…

— Comment !… vous les composez en chœur, ces discours-là ?

— Parfaitement… Chacune de nous apporte son idée et je t’assure que c’est plein d’imprévu… Tu penses qu’après ces séances, on ne voit plus Marcel Gémy comme un mari… Tu m’as toujours affirmé que le mariage était si sérieux…

— Eh bien ! ce mariage-là sera un mariage gai, voilà tout… reprit Mme Lydin qui adoptait d’autres principes… Tu l’épouseras… Tu vas me faire le plaisir d’avoir un autre maintien… Tu te montreras un peu moins écervelée et plus aimable pour ce futur député…

— Non… non… cela ne serait pas naturel ! et si Marcel me faisait un compliment, je ne pourrais pas m’empêcher de penser à la manière dont il nous a débité son discours : Chers électeurs… Tu sais, il mettait la main sur son cœur, comme cela…

Isabelle tentait d’imiter Marcel en prenant la pose, mais Mme Lydin, impatientée de se voir si mal comprise, s’écria :

— Assez… tu m’irrites… Tu l’épouseras, ou sans cela nous partirons immédiatement sans perdre notre temps ici… Il faut que tu te maries… nous ne pouvons continuer à vivre seules toutes les deux, sans un conseiller pour