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— Non, ma tante, mais j’avais à ranger quelques petites choses.

— Quelles choses, mon enfant ?

— Mais… mon chapeau, mes gants…

— Pourquoi t’astreindre à ces besognes mercenaires ? Ta femme de chambre n’est-elle pas payée pour cela ?

— C’est vrai, ma bonne tante, mais j’ai agi machinalement.

Mlle  de Saint-Armel hocha le chef pensivement et dit :

— Ces jeunes bourgeoises déteindraient-elles déjà sur toi ?

— Oh ! non, chère tante, elles sont charmantes, et je ne crois pas qu’elles rangent leurs affaires, si j’en juge par leurs boites de peinture ! C’est un désordre incohérent.

— Et ce musée ?

— Le musée est fort beau… Je ne savais pas qu’il pût contenir de tels tableaux. Ils sont presque aussi bien que les nôtres.

— C’est curieux… tout se disperse. Il y a de nos malheureux amis qui sont obligés de vendre leurs splendeurs, et naturellement cela s’égare de-ci, de-la.

Mlle  de Saint-Armel critiqua durant quelques instants les temps modernes, comme il est de bon ton de le faire a toutes les générations. Elle déplora les ventes honteuses et dit pour terminer à sa petite-nièce :

— Si le mariage t’avait souri, je t’aurais mise en garde contre les fantaisies imprévues de ton mari. Les hommes ont des idées baroques provenant de leur manque de bon sens et de l’indifférence à l’égard des traditions.

— Vous croyez vraiment, ma tante, qu’ils ont tous des idées aussi mauvaises ?

— Mais oui, mon enfant.