Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/7

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ils dardaient le but de flèches.

Seize heures sonnèrent. Une émotion envahit les jeunes filles. Louise devint fébrile. Roberte était congestionnée, et Cécile, pâle, guettait, penchée en avant.

La fenêtre était fermée, malgré le beau temps de mai. Ces demoiselles ne voulaient pas être surprises. Les rideaux de tulle léger les dissimulaient, alors quelles distinguaient parfaitement les passants.

Il n’était pas seize heures dix que la jeune homme sortit.

L’air souriant, la moustache fine, grand, élancé, il s’arrêta quelques secondes devant le portail, comme s’il se fut douté qu’on le contemplait.

Son regard erra de droite et de gauche. Puis, l’inconnu s’en alla d’un pas égal.

— Il est vraiment bien… décréta Roberte.

— On ne peut trouver mieux… appuya Cécile.

— Vous avez raison, approuva Louise, il a grande allure.

Elles restèrent songeuses un instant, puis Louise reprit, dans un rire :

— J’espère que nous n’allons pas devenir amoureuses toutes les trois de ce jeune homme ! Ce serait une fameuse complication pour notre amitiés.

— Quelle idée !

— Je ne me soucie pas de lui, affirma Cécile.

Un embarras pesait sur elles trois. Elles se quittèrent très vite.

Roberte et Cécile cheminèrent quelques mètres côte à côte, puis elles se séparèrent sans avoir échangé un mot sur le sujet qu’elles venaient de discuter.